Fin de soirée sur l'aire de jeux.~

Il n'y avait plus personne. Il était tard et la nuit était déjà bien entamée. Je shootais dans les cailloux que je croisais. Je regardais mes pieds chaussés de converses turquoises. J'avais fuit l'internat à cause d'une fête. J'y étais allée, mais c'était assez vide et plat. La musique était mauvaise et je ne connaissais personne. Je me rendais donc à un endroit où j'aimais passer du temps.
Déambulant dans le parc, j'arrivai bientôt sur l'aire de jeux, vide elle aussi. Je montai sur les barres de la cage à poule et m'installai dessus. Assise, je regardais le ciel étoilé et la Lune qui était alors presque complète.

Je sursautai quand on m'interpella. C'était étrange de savoir que quelqu'un était dans le parc. Je me fis basculer en arrière et me retrouvai donc en cochon pendu. Je me retrouvais nez-à-nez avec un jeune homme. Je le regardais quelques instants avant de me rasseoir sur les barres, mais cette fois, face à lui.

-Bonsoir.

Je m'attendais à ce qu'il reprenne sa route, c'est pourquoi je me remis à regarder le ciel.

Le jeune homme grimpait sur la cage à poule. Je le regardais du coin de l'oeil.

-La troisième barre est cassée. Faîtes attention, dis-je en pointant la barre métallique concernée.

Je me poussais un peu plus vers le milieu pour lui laisser de la place quand il voudra s'asseoir.

-Vous pouvez me tutoyer, dis-je en le regardant. Et si je suis ici, c'est à cause d'une... d'un malentendu.

Oui, "malentendu" était le mot parfait, celui qui convenait le mieux à la situation. Quoique le premier terme qui m'était venu à l'esprit fut "arnaque". On m'avait promis une fête grandiose animée par des tas de personnes. Mensonges !

-Et vous ?

Un hôte ? Je ne l'avais pourtant jamais vu. Je me laissai aller en arrière, calant ma tête entre deux barreaux.

-Tu travailles avec Ludwing, Axel et Cayn ? demandai-je.

Je regardais toujours les étoiles. Je n'en avais pas l'air, mais j'étais plutôt rêveuse à mes heures perdues. Le ciel était beau ce soir-là et la Lune splendide. Sans réfléchir, j'ajoutai :

-Ce sera bientôt la nuit des étoiles. On devrait voir beaucoup d'étoiles filantes dans le coin.

Pour avoir moins mal, je retirer mon chèche turquoise et le roula en boule pour le placer sous ma tête.

-Alors c'est sûrement pour ça qu'on ne s'est jamais vus avant.

Mes yeux étaient perdus parmi les étoiles. Je levai les mains vers le ciel, comme si je souhaitais décrocher la Lune de son socle nocturne.

-Oui, moi aussi. Je viens toujours sur cette cage à poule pour observer les étoiles filantes. Mais.. Je ne crois plus aux voeux, dis-je, un petit sourire sur le bout des lèvres.

Je rigolais doucement.

-Ce n'est pas mon genre de faire des voeux... Ils sont un peu comme tes paroles ; emportés par le vent. On ne sait pas où ils atterrissent et qui les rattrapent...

Je regardais le jeune homme.

Je souris à ses mots.

-Je ne pense pas qu'un voeu change quoique ce soit. Je crois au Destin. Alors autant garder les voeux pour nos êtres chers. Par exemple, je pense que toi et moi, on ne se serait pas rencontrés au local abandonné, mais ici. Et même si ça n'aurait pas été aujourd'hui, ça aurait été demain ou le jour d'après.

Je devais pas mal l'ennuyer pour qu'il reparte aussi vite... Je soupirai. Je me rassis sur les barreaux et le regarda, les jambes dans le vide.

-Je n'en sais trop rien. Je verrais bien.

Je ne voulais pas l'embêter plus longtemps, c'est pourquoi je me remise à regarder le ciel. Je m'étirai et fis craquer les vertèbres de mon dos.

J'entendis ses pas s'éloigner. Je dis alors, d'une voix un peu plus forte :

-Je traîne souvent. Je ne vois pas comment on pourrait se rater. Et bonne soirée à vous aussi.

Je me rallongea sur les barreaux de la cage, sortant mon portable de ma poche. Il fallait bien que je trouve quelqu'un chez qui dormir. Mes amis étaient habitués à cela, je ne m'inquiétais donc pas.

Un ami à moi avait accepté de me prendre chez lui pour la nuit. Je sautai de la cage et me dirigeait dans le sens inverses du jeune homme. D'ailleurs je ne connaissais même pas son nom. Tant pis. Je récupérai mon chèche et partis.

Je baillai en sortant du parc. Il me restait dix minutes de marche avant d'être chez mon ami. Je jetai un dernier regard vers la cage à poules pour vérifier si je n'avais rien oublié, ce qui était fréquent. Il semblait que je n'avais rien laissé là-bas. Je partis.